L’heure béninoise : Le train à remettre sur les rails avant qu’il ne déraille

L’heure béninoise : Le train à remettre sur les rails avant qu’il ne déraille

Le concept de l’heure béninoise est une véritable trouvaille culturelle. Quand on parle d’heure béninoise, il ne s’agit pas de ces fuseaux horaires parfois ennuyeux. Rien à voir avec le GMT+1. En effet, c’est l’art de transformer une minute en une heure, une heure en un jour. C’est le talent de faire attendre sans jamais s’excuser. En termes simples, l’expression est utilisée pour justifier les retards. Lorsque « heure béninoise » s’ajoute à une heure donnée, cela signifie que l’événement commencera en retard. Malheureusement, cette habitude devient de plus en plus une norme, ce qui est préoccupant.

« C’est le Bénin, c’est comme ça »

Le retard est devenu banal. Pire encore, il est accepté. On s’y attend, on s’y prépare. L’heure béninoise semble devenir la norme. Les rendez-vous démarrent rarement à l’heure. Les réunions débutent avec des minutes, voire des heures de retard. Les excuses au début des discours apparaissent désormais comme une formule d’introduction. On se dit en souriant : « C’est le Bénin, c’est comme ça. »

Pour quelqu’un né au Bénin et qui a grandi dans le pays, il ou elle sait que la fête d’anniversaire prévue à 16h commence (normalement) à 20h. Les organisateurs estiment que les invités viendront en retard, et, par conséquent, prennent tout leur temps. De leur côté, les invités arrivent à se convaincre que les organisateurs commenceront tard, et alors préfèrent se faire désirer. Finalement, chacun accuse l’autre. Personne ne comprend, mais c’est cela.

Une forme d’injustice voilée

Le retard ne crée pas seulement une culture de l’attente, il engendre également un sentiment d’injustice. Les personnes qui s’efforcent de venir à l’heure se trouvent pénalisées. Elles se pressent, respectent les horaires, et pourtant, elles sont contraintes d’attendre ceux qui arrivent en retard. Cela est fondamentalement injuste.

Prenons un exemple très basique et courant. Vous avez un rendez-vous professionnel, une réunion importante ou encore un événement. Vous avez respecté votre engagement et êtes arrivé à l’heure. Mais, au lieu de commencer à l’heure prévue, vous devez attendre les retardataires. Ce n’est pas seulement frustrant, c’est une perte de temps.

La ponctualité comme signe de respect

Arriver à l’heure, c’est dire à l’autre : « Je respecte votre temps. » D’ailleurs, le temps est une ressource précieuse et limitée. Tout le monde dispose de 24 heures par jour. Puis, la manière dont ces heures sont exploitées détermine notre productivité, notre succès et notre bien-être. Lorsque nous respectons les horaires, nous montrons que nous comprenons et apprécions la valeur du temps de l’autre personne.

La ponctualité n’est pas un « truc d’anglophone » ni de « Yovo » (terme local pour désigner les Blancs). C’est une marque de considération universelle qui est commun à toute culture et toute nationalité. Dans toutes les sociétés, arriver à l’heure constitue un signe de respect et de politesse. Plus loin, la ponctualité reflète notre professionnalisme et notre fiabilité. Indiscutablement, ce sont des qualités essentielles dans le monde des affaires et dans les relations personnelles.

Un Frein Caché à la Croissance Économique

Le temps, c’est de l’argent. Sur le plan économique, cette habitude du retard a des répercussions semblables à un poison lent. Les retards accumulés lors des réunions d’affaires, des rendez-vous professionnels et des projets collectifs entraînent des pertes de temps.  Par conséquent, des pertes financières. Chaque minute perdue à attendre est une minute qui aurait pu être utilisée de manière plus productive.

Lorsque les réunions sont systématiquement retardées, les décisions sont prises plus lentement. Conséquence, les projets avancent moins vite. À une plus grande échelle, ce retard, peut asphyxier la croissance économique. Les investisseurs étrangers peuvent être découragés par une culture d’inefficacité et de non-respect des délais. Cela pourrait réduire les opportunités d’investissement et de partenariat.

Une pilule qui fait mal mais indispensable

Cette mentalité est dangereuse. Tout d’abord, elle sape la productivité et crée une culture de l’attente. Le retard ne doit pas être excusé. Il doit être combattu. Accepter le retard, c’est accepter l’inefficacité. C’est permettre à la paresse de s’installer. En effet, rien qu’un retard peut être un moteur de stagnation des projets, allonger les réunions, et retarder les décisions.

Des béninois.e.s ont vu le jour dans cette habitude. Ils/elles ont grandi avec. Conséquemment, le changement peut sembler ardu. La ponctualité est une pilule amère à avaler. Mais elle est indispensable. Et, le Bénin mérite mieux que l’heure béninoise. Ce beau peuple mérite une réputation de sérieux et de fiabilité. Il serait bien de ne pas donner raison aux personnes qui exploitent à tort la béninoiserie.

Ce serait un sentiment de fierté d’entendre aussi d’autres pays dire que le pays est un exemple en termes de ponctualité. Un espoir serait que l’heure béninoise puisse devenir une demi-heure avant l’heure convenue.

Béninoisement vôtre.

Hontongnon Yanick ZOUNTCHEGBE

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.

Suivez nous