Des enquêtes menées par Raymond Geysen en 2016 révèlent que seulement 36 % des jeunes connaissent les lois sur la SDSR. Pour combler ce manque d’information, le réseau national féministe ONG Filles en Actions a organisé une formation intensive du 07 au 09 juin 2024 à son siège. Cette initiative vise à outiller une trentaine de jeunes sur les textes juridiques relatifs au droits en santé sexuelle et reproductive au Bénin et au plan international. De plus, elle a pour objectif de leur transmettre les techniques de plaidoyer. L’activité s’est tenue dans le cadre du projet « Nos droits-Notre vie » de Billi Now Now.
Comprendre le cadre juridique pour mieux l’exploiter
La première session de l’atelier a présenté le cadre juridique international et national des Droits en Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR). Folashadé SAIZONOU, consultante, a animé cette session. En premier lieu, elle a expliqué le vocabulaire et les concepts juridiques clés pour débuter. Ensuite, la consultante a présenté les procédures et les recours juridiques en cas de violation des droits SDSR. Il s’est aussi agi de l’apprentissage de l’utilisation efficace des textes de lois.
Les participants et particpantes ont découvert plusieurs textes internationaux. Par exemple, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Au niveau national, les lois du Bénin, comme la Loi n°2003-04 et la Loi n°2021-12, régissent les droits en santé sexuelle et reproductive. Après une pause, les participants et participantes ont débattu sur des sujets controversés. Par ailleurs, l’un des sujets est l’accès des mineures à la contraception avec ou sans autorisation parentale.
Pour approfondir les discussions, la consultante a organisé une simulation de procès fictif. Les participants ont joué divers rôles pour défendre les droits des lycéennes. Ils ont discuté de l’interdiction du ministère de l’éducation de distribuer des préservatifs et des dépliants sur la santé sexuelle. Cet exercice pratique a éclairé les enjeux juridiques et les droits des adolescents en matière de santé sexuelle.
Le plaidoyer comme outil d’influence
Le samedi 8 juin, s’est tenue la deuxième journée de l’atelier de renforcement des capacités des billis de Tori Bossito. Cet atelier a porté sur les techniques de plaidoyer basées sur les évidences. Animé par les consultants Osé Coliko et Franz OKEY, l’atelier a débuté avec un exercice pratique de cocréation pour les participants et participantes. Il s’est déroulé en quatre étapes clés. La première étape a introduit le concept de plaidoyer basé sur les évidences.
En effet, il ressort que le plaidoyer comme un processus visant à atteindre un changement spécifique. Les trois phases d’un plaidoyer identifiées sont : l’identification et l’analyse du problème, la mise en œuvre du plan d’action, et la phase de décision. De plus, les groupes formés ont également discuté des stratégies pour toucher les décideurs. Cela est possible grâce à des objectifs clairs l’utilisation de divers outils pour influencer les politiques.
Des initiatives existantes pour arrêter la saignée
Chaque année, au moins 39 000 femmes meurent d’avortements non sécurisés. En 2021, 9 % des femmes au Bénin ont eu des besoins non satisfaits en contraception. De plus, 14,6 % des décès maternels sont dus aux complications d’avortements. À Tori Bossito, 20 % des filles subissent des harcèlements sexuels et des grossesses non désirées. Malgré ces chiffres alarmants, seulement 6 % de l’aide publique au développement est consacrée aux DSSR.
Pour changer cette situation, plusieurs textes et lois ont été adoptés. Par exemple, le protocole de Maputo (article 5) consacre le droit des femmes à la santé sexuelle et reproductive. Puis, l’ODD 5 vise l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Le programme d’action du Caire et des initiatives comme la Constitution du Bénin, la loi sur la santé publique et le code de l’enfant abordent aussi les DSSR. À Tori Bossito, l’ONG Filles en Actions, via le projet Billi Now Now, promeut activement les DSSR.
Au niveau international, l’OMS œuvre pour le bien-être des enfants, des filles et des femmes. Régionalement, l’Institut Régional de Santé Publique collabore avec l’Institut Royal des Tropiques pour lever les obstacles aux DSSR. Autant de support pour porter un plaidoyer avec des éléments convaincants.
Plaider pour les droits en santé sexuelle et reproductive au Bénin
La dernière journée de l’atelier a été marquée par une immersion artistique pour les participants. En effet, ils ont consacré leur temps à préparer l’activité 5, axée sur une pièce de théâtre. Sous la houlette d’un metteur en scène, les billis ont intégré les recommandations du consultant pour peaufiner leur représentation. Tous les détails comptent dans cette mise en scène notamment l’accroche et la persuasion.
Les participants et participantes ont effectué des simulations de focus groupes. L’exercice a consisté à les soumettre à diverses situations. Cela leur a permis de s’exercer à surmonter les obstacles rencontrés dans leur plaidoyer. En outre, les consultants ont salué le dynamisme et l’engagement des participants. Enfin, ils les ont encouragés à redoubler de rigueur pour mieux se préparer à la réussite des prochaines activités.