À Cotonou, l’initiative « Mon corps, mes règles » a officiellement été lancée lors d’un afterwork le 07 novembre 2025. Porté par Jeunes filles actrices du développement (JFAD), le projet place la dignité menstruelle et l’autonomie corporelle au centre des conversations. Ainsi, dans un contexte où les tabous et les stigmatisations persistent, cette initiative entend redonner la parole aux personnes menstruées et valoriser leurs savoirs.
Un projet pour briser les tabous autour des menstrues
« Mon corps, mes règles » naît d’un constat simple : les menstrues restent encore enveloppées de silence, de honte et de stéréotypes. Par ailleurs, la société continue de reproduire ces préjugés, au détriment de la santé, du bien-être et de la dignité menstruelle des personnes concernées. De ce fait, la nécessité d’agir devient urgente. Pour Maëlle ADJAHO, cheffe projet « Mon Corps, Mes Règles » et chargée de mobilisation de ressources à JFAD, « Mon Corps, Mes Règles est une initiative qui veut mettre en lumière tout ce qu’il y a de positif autour des menstruations. Nous voulons donner la parole aux personnes concernées, les écouter et mener une véritable quête de savoir sur la dignité menstruelle ». Une vision claire qui recentre le débat sur l’expérience vécue par les personnes menstruées, trop souvent invisibilisées.
Ensuite, l’initiative a pour objectif de créer des espaces sûrs où chacun peut parler librement de ses règles. Elle s’attache également à documenter les récits de vie, à déconstruire les stigmatisations, à valoriser les savoirs locaux et à impliquer directement les personnes menstruées dans la réflexion autour des solutions à co-construire. C’est pourquoi, l’approche se veut résolument participative.
Par ailleurs, plusieurs activités accompagneront cette démarche, notamment l’organisation de focus groups avec des personnes menstruées, la réalisation d’entretiens individuels, la tenue d’ateliers de co-construction et la création d’un podcast entièrement dédié aux menstruations. Grâce à cet ensemble d’actions, « Mon corps, mes règles » ambitionne de renforcer durablement l’autonomie corporelle et la dignité menstruelle, en s’appuyant sur la participation active des communautés. En somme, le projet se positionne comme un véritable catalyseur de changement social durable.
Une causerie-débat pour aborder les obstacles et les pistes d’action
Au cœur de l’afterwork, la causerie-débat a permis de revisiter la manière dont la société perçoit les menstruations et de comprendre ce que signifie réellement vivre ses règles dans la dignité. Les échanges ont montré que la dignité menstruelle ne se limite pas à l’hygiène, mais implique un changement profond de regard, de pratiques et de normes sociales.
Pour beaucoup de participantes et participants, le principal obstacle reste la force du patriarcat, encore ancré dans les mentalités. En réalité, dans de nombreuses familles et communautés, les menstruations sont toujours décrites comme quelque chose de sale ou de gênant, un discours que beaucoup de femmes elles-mêmes ont fini par intégrer au point de le reproduire malgré elles. C’est exactement ce que souligne Chanceline Mevowanou, présidente de JFAD, lorsqu’elle affirme : « Il faut que nous, femmes, incarnions nous-mêmes le changement dans nos actions de tous les jours avant d’élargir la discussion sur la dignité menstruelle. » Son propos rappelle que la transformation sociale commence aussi par la déconstruction personnelle. De plus, il met en lumière le rôle essentiel que jouent les femmes elles-mêmes dans la rupture des narratifs patriarcaux.
Les discussions ont également mis en lumière la nécessité d’une sensibilisation continue, inclusive et accessible à toutes les couches de la société. Par ailleurs, les participants ont insisté sur l’importance d’un travail collectif entre associations, collectifs féministes, acteurs communautaires et jeunes leaders. Enfin, ensemble, ils espèrent bâtir un mouvement durable et cohérent capable de faire avancer, de manière concertée, la dignité menstruelle au Bénin. Dès lors, la collaboration se positionne comme un levier incontournable du changement.
Une soirée d’engagement, d’échanges et d’espoir
Le lancement de « Mon corps, mes règles » a marqué une étape importante pour remettre la dignité menstruelle au centre du débat public. De plus, il a permis d’ouvrir un espace de dialogue sincère, où jeunes, acteurs communautaires et militants ont pu échanger librement.
La soirée s’est terminée autour d’un cocktail et d’un moment de réseautage, renforçant les liens entre organisations, jeunes leaders et personnes engagées pour l’autonomie corporelle. Au final, cette initiative rappelle une vérité essentielle : la dignité menstruelle n’est pas un luxe. C’est un droit. Et c’est ensemble que ce droit deviendra une réalité pour toutes et tous.
JFAD : une organisation féministe engagée
Jeunes filles actrices du développement (JFAD) est une organisation féministe résolument tournée vers la justice de genre. Elle travaille aux côtés des filles, des femmes et des personnes de genres et identités diverses pour renforcer leur pouvoir d’agir. De plus, son engagement se manifeste à travers une approche inclusive et participative.
Ainsi, JFAD milite pour une éducation féministe accessible, l’émancipation des jeunes, la justice sexuelle et reproductive, mais aussi pour l’éradication des violences basées sur le genre. De plus, l’organisation participe activement à la construction et au renforcement des mouvements féministes au Bénin et dans la sous-région.
Dans ce contexte, JFAD se positionne comme un acteur incontournable pour toutes les initiatives qui touchent à la dignité, à l’autonomie corporelle et au leadership des jeunes femmes. Par ailleurs, son rôle s’impose désormais dans les débats sociaux liés aux droits des personnes menstruées.
Christophe Pie ATIKA
