Festival Doxami : Plus de 300 jeunes mobilisés pour briser les tabous autour de l’avortement sécurisé au Bénin

Festival Doxami : Plus de 300 jeunes mobilisés pour briser les tabous autour de l’avortement sécurisé au Bénin

S’amuser tout en apprenant sur la sexualité, cela est bien possible. Plus de 200 jeunes l’ont fait ce 28 septembre 2024 au Canal Olympia de Wologuèdè. Ils et elles se sont rassemblé.e.s pour le festival Doxami, une initiative portée par onze organisations de la société civile du Bénin. En effet, #Doxami », signifie « Dis-le avec moi » ou « Fais-le avec moi » en langue Fongbé. Il s’agit d’une campagne nationale visant à lutter contre la désinformation sur l’avortement et à informer la population sur les droits et services disponibles. Le choix de cette date n’est pas anodin. Elle coïncide avec la Journée Internationale de l’Avortement Sécurisé. Ce festival offre aux jeunes un espace informel pour s’éduquer sur la santé sexuelle et reproductive. Ceci, en leur facilitant l’accès à des informations fiables.

Doxami pour un engagement collectif pour la santé reproductive et l’égalité des droits

La présidente de l’ONG Filles en Actions, Brian SOSSOU, a ouvert le bal d’allocution du festival #Doxami. En premier lieu, elle l’a décrit comme un moment important et un acte d’engagement collectif. « C’est un acte de sororité », a-t-elle affirmé. Cet événement ne vise pas à diviser. « Nous sommes ici pour écouter, échanger, et surtout informer. ». Par conséquent, le festival, à travers la campagne #Doxami, veut construire un Bénin où chaque femme peut accéder à des services de santé reproductive sûrs. « Nous œuvrons pour un Bénin où chaque femme pourra accéder à des services de santé reproductive sûrs et sans jugement. », propos de la présidente.

Si pour Maître Huguette BOKPE, présidente de l’institut National de la femme #Doxami « c’est un cadre idéal pour déconstruire les stéréotypes liés au genre », une autre figure emblématique va plus loin. « Nous sommes ici aujourd’hui pour que de belles résolutions soient prises par la jeunesse » selon Maître Marie-Elise GBEDO, ancienne ministre de la Justice et de la Législation du Bénin. Elle manifeste sont soutien aux jeunes. « C’est pour vous que nous nous sommes battues pour la visibilité de la femme. », leur rappelle-t-elle. L’ancienne garde des sceaux est revenue sur le fait que le festival ne réinvente pas la roue. La loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 représente un pilier sur lequel fonder la lutte.

Traduire le mal en pièce théâtrale

Le festival a démarré avec un ballet d’ouverture et également une pièce de théâtre sur l’avortement sécurisé. Elle a été mise en scène par « Les Billis » de l’ONG Filles en Actions. D’ailleurs, cette pièce, Maître Huguette BOKPE pense qu’ « elle correspond tellement à la réalité ». En réalité, la scène raconte la vie d’une jeune fille dont la mère se rebelle contre ses choix en matière de vêtements. Attirée par un gang de la localité, elle se retrouve enceinte à la suite d’une relation non désirée. Craignant le jugement et les conséquences, ses amies lui recommandent d’interrompre la grossesse de manière clandestine. Malheureusement, cette intervention tourne mal. Elle passe de vie à trépas.

L’art comme une manière douce mais percutante d’ouvrir le dialogue

Pour encourager l’expression libre et créative des jeunes sur les sujets de santé sexuelle et reproductive, le festival #Doxami a mis en place une série d’ateliers. De la peinture (atelier dirigé par Choose Yourself) à la poterie en passant par les vision boards, les ateliers ont favorisé la transformation des idées complexes en créations visuelles. Un atelier de vision board a amené les jeunes à schématiser leur vision de l’avenir en matière de droit à la santé sexuelle et reproductive.

De plus, les festivaliers et festivalières ont créé des tableaux collectifs représentant leur vision d’un futur. Ce futur où l’avortement sécurisé et les droits sexuels sont pleinement respectés. Avec des supports créatifs, les jeunes ont pu surmonter les barrières de la timidité et de la peur du jugement. Ils et elles ont également contribué à enrichir le débat public sur la santé reproductive tout en développant des compétences artistiques.

La musique pour sensibiliser au DSSR

Le festival #Doxami ne se contente pas d’informer. Il divertit aussi. Dans l’après-midi, Canal Olympia a accueilli le concert du jeune artiste Rys Marion. Evidemment, l’événement a su attirer un large public. Aussi, cette prestation a su donner une résonance encore plus forte à sa cause. Cette fusion entre culture et éducation est au cœur de la stratégie du festival, qui utilise des outils modernes pour atteindre les jeunes.

En parallèle, les DJ Kelly et Famouz DJ qui ont rythmé la journée ont renforcé l’atmosphère détendue et inclusive. L’idée derrière cette approche est simple. Il est possible d’apprendre tout en s’amusant. À travers la musique et l’art, le festival #Doxami a prouvé que l’éducation à la santé sexuelle pourrait être à la fois captivante et impactante.

Hontongnon Yanick ZOUNTCHEGBE

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