DU FESTIVAL DOXAMI AU CARNAVAL DOXAMI : Filles en Actions travaille pour un meilleur accès à l’information sur les DSSR au Bénin

DU FESTIVAL DOXAMI AU CARNAVAL DOXAMI : Filles en Actions travaille pour un meilleur accès à l’information sur les DSSR au Bénin

Neuf mois après sa première édition, la campagne DOXAMI est revenue sur le terrain. D’un festival DOXAMI à un carnaval DOXAMI, elle a changé de format sans rien perdre de sa détermination. Le samedi 31 mai 2025 à Abomey-Calavi, l’ONG Filles en Actions a repris le flambeau, toujours avec l’ambition de faire connaître la loi SR-2021 sur la santé sexuelle et reproductive aux jeunes. Dans une ambiance d’animations, d’ateliers pédagogiques et discours officiels, cette journée a permis de prendre la mesure des avancées. De plus, elle a pointé les défis persistants en matière d’accès à l’information, à la santé et à l’exercice effectif des droits.

Le carnaval DOXAMI pour informer autrement

Dans un espace bienveillant, une centaine de jeunes habillés de rose et de blanc se sont réunis dès le matin. L’événement a débuté par une animation brise-glace destinée à créer un climat favorable à la transmission de savoirs. C’est là tout l’esprit de la campagne DOXAMI. Elle vise à sortir des formats classiques de sensibilisation pour aller vers des modes plus interactifs et plus incarnés.

Au programme du carnaval, expositions, contes, groupes de discussion, podcasts, prestations artistiques. Toutes ces activités pour un public composé essentiellement d’étudiant(e)s. Ce public a été invité à s’approprier les messages à travers des formats hybrides. Pour les organisateurs, l’objectif est clair. « Il faut faire sortir la loi des textes et la rendre accessible », a rappelé Brian Sossou, présidente de l’ONG. En effet, le constat est qu’une loi sans médiation adaptée reste lettre morte.

Une avancée juridique qui peine à émerger

Le point central des échanges de cette édition est la loi SR-2021. Venant compléter celle de 2003, elle élargit les conditions d’accès à l’interruption volontaire de grossesse. Pour d’aucun, et à juste titre, ce point marque un tournant dans la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs au Bénin. Pourtant, trois ans après sa promulgation, cette loi reste largement méconnue. C’est ce décalage que la campagne DOXAMI cherche à combler. « La majorité des jeunes interrogé(e)s lors de notre pré-évaluation ne connaissaient pas la loi, ou en avaient une compréhension erronée », explique Folashadé Saïzonou, directrice des programmes de l’ONG.

Pour y remédier, DOXAMI mise sur des formats immersifs. L’exposition « De la caverne à la connaissance sur l’IVG » a retracé l’histoire du droit à l’avortement depuis 1920. L’objectif est de permettre une véritable appropriation des enjeux. En réalité, il faut connaître ses droits, identifier les ressources fiables, déconstruire les fausses croyances. Une approche saluée par les participant(e)s, comme Richnelle Sonon, juriste en formation : « Je n’avais pas connaissance de son historique. À travers un podcast que nous avons eu à écouter, j’ai compris que tout est parti du constat selon lequel plusieurs femmes pratiquaient l’avortement clandestin »

Parler pour comprendre, comprendre pour agir

L’an dernier déjà, au Festival DOXAMI, Marie Elise GBEDO, présidente de l’Association des Femmes Juristes du Bénin et ancienne ministre de la Justice, insistait : « Il n’y a plus de honte à avoir avec cette loi portant sur la santé sexuelle et reproductive. » Contrairement à nombre de campagnes fondées sur un message descendant, DOXAMI a fait le pari de la participation. Les jeunes ne sont pas des récepteurs passifs, mais des actrices et acteurs à part entière du dialogue.

Avec des groupes de parole, forums ouverts, ateliers d’expression, l’édition 2025 a permis aux participant(e)s de s’approprier les termes, de partager leurs expériences. Pra ailleurs, l’espace a été favorable pour questionner les normes. Pour Corazon Houndji, étudiante en psychologie, c’est cette possibilité de « parler librement, sans être jugée » qui fait toute la différence. Cette dynamique participative est au cœur de l’approche de Filles en Actions : plutôt que d’imposer un savoir, il s’agit de créer les conditions pour qu’il émerge collectivement.

Un partenariat pour rendre les soins accessibles

Au-delà de la sensibilisation, l’ONG tisse des partenariats solides avec les institutions. La présence du Guichet Unique de Protection Sociale (GUPS) de Tori-Bossito, représenté par son chef Thiburce Kindjihossou, en témoigne. Celui-ci a salué une initiative « qui valorise la participation et la voix des jeunes ». « Nous croyons fermement que la promotion des droits des filles et des femmes passe par l’accompagnement et la valorisation de leurs initiatives », a-t-il déclaré.

En dehors de cela, la clinique mobile de l’Association béninoise pour la promotion de la famille (ABPF), venue offrir gratuitement des services de santé et répondre aux questions des jeunes. Sur les scènes de contes, les participant(e)s ont pu découvrir l’évolution juridique, politique et sociale du droit à l’avortement au Bénin, de 1920 à nos jours.

Le carnaval DOXAMI, et après ?

Si le carnaval DOXAMI a réussi à mobiliser, la question de la suite reste ouverte. Comment maintenir l’élan une fois les stands démontés, les discours achevés, les animations terminées ? Pour Filles en Actions, la réponse se trouve dans la structuration d’un réseau actif et dans la formation continue des jeunes. « Nous ne voulons pas que ce soit un événement ponctuel. Il faut que cela s’enracine », insiste Brian Sossou.

L’ONG mise sur une stratégie de long terme puisque les défis sont nombreux. DOXAMI n’apporte pas toutes les réponses mais elle remet le débat sur la place publique. Le carnaval DOXAMI sifle le coup d’envoi d’une série d’activité jusqu’en 2026 pour le même objectif avec divers profils.

Hontongnon Yanick ZOUNTCHEGBE

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