Loi SR-2021 : à Tori-Bossito, les mères deviennent relais communautaires

Loi SR-2021 : à Tori-Bossito, les mères deviennent relais communautaires

Le jeudi 30 octobre 2025, la mairie de Tori-Bossito a accueilli une session inédite de formation organisée par l’ONG Filles en Actions. L’activité, intitulée « Wa Doxami Do Yonnon Zangbé », a réuni vingt-deux femmes, toutes parentes d’élèves. L’objectif était de renforcer leurs connaissances sur la santé sexuelle et reproductive, et les outiller pour en parler sans gêne avec leurs enfants et leurs pairs. Cette rencontre s’inscrit dans le prolongement de la campagne Doxami, lancée en 2024 pour vulgariser la loi SR-2021. Une loi qui encadre l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sécurisée au Bénin. Dans un contexte où les tabous et la désinformation demeurent tenaces, notamment en milieu rural, cette initiative se veut un levier pour transformer les mentalités et prévenir les avortements clandestins.

Créer un espace de parole et d’apprentissage sur la loi SR-2021

Dès l’ouverture, Pacôme Méthonou, organisateur général de Filles en Actions, a situé le cadre de la rencontre. Il a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une conférence magistrale, mais d’un espace d’écoute, d’échange et de co-apprentissage. Il a rappelé que l’ONG œuvre depuis trois ans à Tori-Bossito dans le cadre du programme Billi Now Now, qui promeut les droits en santé sexuelle et reproductive des adolescent(e)s et des jeunes.

Grâce à une approche participative, les discussions ont permis d’aborder les réalités vécues par les participantes. Elles ont évoqué les difficultés à parler de sexualité avec leurs enfants, la méconnaissance des lois, la stigmatisation liée à l’avortement ou encore le poids des normes sociales. Pour illustrer les débats, les animatrices ont utilisé des outils variés notamment une boîte à images, un podcast retraçant l’évolution du cadre légal béninois, et des exercices interactifs.

Ce faisant, les mères ont revisité l’histoire du droit à l’IVG, depuis l’interdiction coloniale de 1920 jusqu’à la loi SR-2021. La loi actuelle reconnaît désormais à toute femme en situation de détresse morale, éducative, matérielle ou professionnelle le droit de recourir à un avortement sécurisé.

Des convictions réexaminées et des préjugés levés

Au fil des échanges, plusieurs participantes ont admis avoir modifié leur perception des choses. L’une d’elles a confié : « Lorsque ma fille a eu ses menstrues, je l’ai réprimandée. Aujourd’hui, j’ai compris que j’aurais dû dialoguer avec elle. »
Ces paroles traduisent la profondeur des transformations observées au cours de la journée.

De plus, l’exercice de clarification des valeurs a permis d’examiner des questions souvent controversées : le droit des femmes à décider de leur maternité, l’adoption de méthodes contraceptives par les adolescentes, ou encore la légitimité morale de l’avortement. Si certaines opinions sont restées nuancées, la majorité des participantes ont reconnu la nécessité d’une approche fondée sur la compréhension, l’écoute et la bienveillance plutôt que sur la culpabilisation.

Par ailleurs, par groupes, les femmes ont élaboré un répertoire d’expressions adaptées, destinées à remplacer les tournures jugées stigmatisantes. Cet exercice a contribué à normaliser le dialogue sur des thèmes longtemps considérés comme honteux.

De nouvelles ambassadrices communautaires de la loi SR-2021

Au terme de la formation, les vingt-deux femmes sont reparties mieux informées, mais surtout engagées. Chacune s’est dite prête à relayer les connaissances acquises au sein de sa communauté. Désormais, elles se perçoivent comme actrices de changement, capables d’accompagner d’autres parents dans la transmission d’informations fiables sur la sexualité et les droits reproductifs.

À court terme, l’activité a favorisé une meilleure compréhension de la loi SR-2021, une ouverture d’esprit sur la question de l’avortement sécurisé et un engagement collectif à poursuivre la sensibilisation. À long terme, ces efforts devraient contribuer à réduire la stigmatisation, à limiter le recours à l’avortement clandestin et à instaurer un dialogue apaisé entre générations.

Une approche participative saluée

L’expérience de Tori-Bossito démontre l’efficacité d’une démarche centrée sur la participation des communautés. L’appui de la mairie, du GUPS et des autorités locales a renforcé la légitimité du projet et facilité la mobilisation. L’ONG recommande d’ailleurs d’étendre cette approche à d’autres communes, d’y associer davantage les pères et de produire des supports de communication accessibles en langues locales.

Hontongnon Yanick ZOUNTCHEGBE

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